Télécharger ICI le livret de la prothèse de hanche par voie antérieure !

 

Pourquoi utiliser la voie d’abord antérieure pour mettre en place une prothèse totale de hanche ?

La hanche est une articulation profonde, couverte par un appareil musculaire puissant assurant stabilité et fonction. Le chirurgien abordant une hanche se trouve confronté à un dilemme : la nécessité de s’exposer pour implanter correctement la prothèse, mais aussi préserver sa musculature fessière afin d’éviter l’instabilité de l’arthroplastie et permettre au patient un retour à une fonction locomotrice le plus rapidement possible.

La voie d’abord antérieure permet de répondre à ces deux impératifs car elle est dite « intermusculaire » c’est à dire qu’elle passe entre différents groupes musculaires (entre les muscle Sartorius et droit antérieur en avant et le muscle Tenseur du Fascia Lata en arrière), sans jamais les sectionner.

Depuis combien temps cette voie d’abord est-elle utilisée par les chirurgiens ?

La voie d’abord antérieure est une technique 100 % française développée par les frères Judet il y a bientôt 50 ans. Autrefois dure et laborieuse, la modification récente de l’instrumentation chirurgicale (écarteurs, porte-implants...) ainsi que le développement de la table orthopédique (table opératoire facilitant l’exposition articulaire) entraînent depuis quelques années un regain d’intérêt pour cette voie d’abord.

 

Quels sont les avantages pour le patient ?

  • Récupération fonctionnelle plus rapide après la chirurgie car il n’y a aucune section musculaire.
  • Séjour en hospitalisation écourté: cette technique permet de réduire significativement la durée du séjour à la clinique.
  • Réduction significative du risque de luxation: la préservation totale des muscles améliore la stabilité de la hanche. Le risque de luxation est minime et les limitations de mouvements post-opératoires, généralement prescrits avec les autres techniques, ne sont pas nécessaires.

Comment se déroule une prothèse totale de hanche par voie d’abord antérieure au bloc opératoire ?

La grande différence avec les voies d’abord conventionnelles est l’installation du patient sur la table opératoire.

Celui ci est allongé sur le dos (décubitus dorsal) et non sur le coté, avec le membre inférieur opéré qui est tenu par une rallonge spécifique (table orthopédique) Il s’agit d’une table opératoire où le bassin est maintenu par un contre-appui pubien et les 2 pieds par des bottines fixées sur des bras mobiles.

C’est la mobilisation des bras de la table orthopédique qui permet la mobilisation du membre opéré et l’exposition articulaire (cotyle puis fémur).

La chirurgie dure environ 1heure à 1 heure 30 en fonction de la complexité du cas. Elle peut être réalisée sous anesthésie générale ou rachi-anesthésie en endormant que les membres inférieurs. Cela sera décidé lors de la consultation avec le médecin anesthésiste.

A la fin de l’intervention, avant de refermer, le chirurgien réalisera une infiltration de produit anesthésiant dans la capsule, les muscles… entourant la hanche afin de diminuer les douleurs post-opératoires.

Dans la majorité des cas, il n’y aura pas de redon en post-opératoire (tuyau qui draine le sang). Toutefois, si le chirurgien le juge nécessaire (patient sous anticoagulant…), il pourra parfois en laisser un afin d’éviter la formation d’un hématome après la chirurgie.

La taille de la cicatrice est-elle importante ?

L’incision fait environ une dizaine de centimètres. Elle se situe au niveau du pli inguinal, en avant de la hanche.

Toutes les voies d’abord peuvent être mini-invasives c’est-à-dire avec des petites incisions. Mais encore une fois, le plus important concernant la voie d’abord antérieure est qu’elle n’entraine aucune section musculaire. L’important n’est pas la taille de l’incision mais le respect des tissus profonds.

Y a-t-il des contre-indications à la voie d’abord antérieure ?

Il n’y a pas de réelle contre-indication à la voie d’abord antérieure même si celle-ci est peu adaptée chez les patients obèses (ventre qui tombe sur la cicatrice) pour qui le risque de retard de cicatrisation et donc d’infection est beaucoup plus important ou ceux présentant des déformations osseuses et articulaires majeures.

Elle est également peu indiquée pour les reprises de prothèse de hanche.

En revanche, l’âge n’est pas un facteur limitant. La voie d’abord antérieure peut être utilisée quelque soit l’âge du patient.

Quels sont les risques de la voie d’abord antérieure ?

Les risques généraux sont quasiment les mêmes que pour la voie d’abord conventionnelle postéro-externe : infection, phlébite…

Toutefois, le risque de luxation est diminué car on ne désinsère aucun muscle en arrière, ce qui permet de garder la stabilité de la hanche.

l existe une complication mineure spécifique à cette voie d’abord : l’hypoesthésie du nerf fémoro-cutané latéral de la cuisse. En effet, ce nerf passe juste en avant de l’incision et on doit le récliner pour écarter les muscles en avant. Ceci peut transitoirement entrainer une perte de sensibilité sur la face latérale de la cuisse qui récupère en quelques semaines.

Les prothèses et matériaux utilisés sont-ils les mêmes que pour les voies d’abord conventionnelles ?

Oui, on peut implanter les mêmes prothèses par voie d’abord antérieure que par voie d’abord conventionnelle.

On privilégiera un couple Céramique/Céramique chez les patients jeunes (moins de 70 ans environ) et des tiges « raccourcies » pour conserver le stock osseux.

Quelles sont les suites immédiates d’une prothèse de hanche par voie d’abord antérieure ?

Juste après l’intervention, directement en salle de réveil, l’équipe chirurgicale vous installera une attelle qui permet de comprimer légèrement la hanche tout en faisant circuler du froid. Ceci permet de diminuer les douleurs post-opératoires et de limiter l’hématome. Vous garderez cette attelle pendant 6 heures au total.

Le soir même de l’intervention, votre chirurgien passera avec une infirmière de l’équipe pour réaliser le premier lever. Vous ferez simplement quelques pas dans la chambre.

Lors de la première nuit, vous pouvez dormir dans la position que vous souhaitez, même sur le coté opéré. Vous pouvez également bougez tranquillement votre hanche opérée. Cependant, vous ne devez pas vous lever tout seul, appelez l’infirmièr(e) de nuit afin qu’il/elle vous aide.

Le kinésithérapeute passera dès le lendemain de l’intervention pour vous faire marcher. Vous aurez l’appui complet sur la jambe opérée mais vous devrez utiliser les béquilles, et ce pendant 2 semaines environ.

Vous serez hospitalisé environ 3 jours à la clinique puis rentrerez à votre domicile dans la quasi totalité des cas, sauf si vous habitez dans un lieu isolé, sans aide possible.

Votre chirurgien passera la veille de la sortie pour vous donner les ordonnances pour :

  • Les antalgiques contre la douleur
  • Les piqures d’anticoagulant pendant 1 mois au total (sauf cas particulier) pour éviter les phlébites
  • Les soins infirmiers tous les trois jours pour refaire les pansements.
  • Les rendez vous de contrôle en consultation au centre-ostéo-articulaire des Cèdres.
  • Des séances de kinésithérapie. Celles-ci ne sont pas indispensables, surtout les trois premières semaines ou il faut privilégier le repos.

Lors de votre retour à domicile, quelles sont les consignes à respecter ?

Il n’y a pas de mouvement interdit mais faites preuve de bon sens et éviter les positions « extrêmes » en flexion, rotation.

Vous pouvez la nuit dormir sur le coté opéré ou sur le ventre.

Marchez avec les béquilles pendant deux semaines minimum

Vous pourrez reprendre la conduite automobile 3 semaines après la chirurgie.

Ne mouillez pas le pansement ou la cicatrice jusqu’à ce que celle-ci soit parfaitement cicatrisée, c’est-à-dire que toutes les croutes aient complètement disparues. De même, ne faites pas de balnéothérapie tant que la cicatrice n’est pas parfaite.

A retenir :

  • La voie d’abord antérieure permet de mettre en place des prothèses totales en respectant complètement les muscles autour de la hanche.
  • Elle permet donc d’améliorer les suites opératoires à court et moyen terme : réhabilitation précoce, durée d’hospitalisation réduite et risque moindre de luxation.